Les rues et l'espace public doivent être façonnés ou refaçonnés de manière à affirmer la priorité absolue aux piétons. Le 23 août 2006, Projet Montréal lançait une Charte montréalaise des piétons en réponse à la Charte du piéton soumise par la Ville de Montréal qui "accuse presque les piétons de la majorité des accidents routiers et qui ne responsabilise pas assez les conducteurs de véhicules motorisés". Plutôt que de contester point par point la charte de la Ville, Projet Montréal décidait d'en proposer une autre.
"Nous nous rendons compte aujourd'hui qu'une ville peut difficilement être aménagée à la fois pour les personnes qui l'habitent et pour l'automobile." Il s'agit ici de renverser la tendance de la croissance automobile - qui est de 2,5% par an - en misant d'abord sur les déplacements non motorisés et le développement d'un réseau de transport en commun plus efficace, plus agréable et surtout plus confortable.
À Barcelone et Montpellier, le centre-ville est devenu piétonnier, et Seattle renforce des mesures dans ce sens. Bogota a récemment emboîté le pas, ainsi que Londres, qui a réduit sa circulation de voitures de 40%. Ce n'est donc pas irréalisable. L'objectif : 0% de piétons morts dans les accidents de la route. La solution serait d'abord de profiter des travaux majeurs qui nécessitent un démantèlement de la chaussée pour repenser les rues, lors du remplacement des conduites d'eau et de l'asphaltage, par exemple. CHARTE DES PIÉTONS DE PROJET MONTRÉAL: PRINCIPES
La vie humaine est sacrée : il ne sera plus toléré qu'un piéton, un cycliste ou un autre citoyen non motorisé soit tué ou blessé lorsqu'il déambule ou se déplace en ville.
Retrouver l'esprit de la ville : il faut retrouver cet esprit centré sur l'être humain et profondément respectueux de la personne humaine.
La santé et la qualité de l'environnement sont des droits : quelle que soit leur capacité financière, les habitants de Montréal ont tous droit à un environnement paisible, sain et sans danger.
La rue appartient à tout le monde : les enfants doivent à nouveau pouvoir jouer dehors, et les gens de tous âges et de toutes conditions devraient profiter de cet espace pour se rencontrer, échanger et participer à la vie de leur ville.
Priorité absolue aux piétons : les rues et l'espace public doivent être façonnés ou refaçonnés de manière à affirmer la priorité absolue aux piétons.
Pour une meilleure qualité de vie : il faut enrayer la transformation des rues en tuyaux de circulation motorisée bénéficiant à des gens qui ont adopté un mode de vie totalement dépendant de l'auto.
Pour une meilleure équité de mobilité : il faut améliorer l'espace piétonnier en développant un réseau cyclable et en investissant dans le transport collectif.
Recréer des quartiers à échelle humaine : il faut recréer des quartiers paisibles, agréables et efficaces où les gens se rendent facilement à pied ou en vélo aux commerces, services et équipements collectifs.
La Ville doit donner l'exemple en favorisant le déplacement non motorisé de son personnel et en garantissant aux piétons un accès maximal à ses bâtiments et équipements.
Les piétons ont aussi des responsabilités : chaque usager de la rue et de l'espace public a le devoir et la responsabilité de respecter l'ensemble des autres usagers, incluant les conducteurs de véhicules à moteur.
Quelques réactions suscitées par cette charte :
Gérald Vallée :
Il est clair que cette charte a été rédigée par un cycliste mais il manque quelques éléments essentiels :
La vie humaine est sacrée : le piéton doit être capable de traverser la rue sans parler sur son cellulaire ou écouter son balladeur. Le cycliste doit comprendre que le mot STOP ou ARRÊT s'applique à lui ou à elle.
Nouvelle orientation : les piétons et cyclistes doivent comprendre qu'une traversée doit se faire au coin de la rue et non au milieu.
La santé et la qualité de l'environnement : tout le monde doit comprendre que la ville n'est pas un dépotoir.
La rue appartient à tout le monde : les enfants devraient pouvoir jouer dehors mais il faudrait que les parents sortent de temps en temps les surveiller!
Marie-Lise Rousseau : Chacun doit mettre son effort dans ce projet... qui nous aiderait peut-être à mieux vivre ensemble en société. Car pour le moment on constate que chacun vit pour soi, de façon très individualiste.
Jason Gagné-Stewart : L'intersection sur Maisonneuve, devant la bibliothèque nationale, est un endroit à risque pour les piétons, et pas à cause des automobilistes.
Alexis Boulerice : Les automobilistes chialent contre les piétons, les piétons chialent contre les automobilistes et les cyclistes se croient tout permis. Le véritable problème a Montréal, c'est le manque de civisme de la part de tout l'monde.
Marie-Josée Archambault : Le simple jugement ne suffit plus dans notre vie de fous à faire réaliser aux gens qu'ils vivent avec du vrai monde... Les piétons à Montréal ont aujourd'hui besoin qu'on rappelle aux automobilistes (et aux cyclistes aussi à mon avis) qu'en frappant un piéton, on ne gagne aucun point! Ça relève du simple jugement mais il faut encore le rappeler au moyen d'une charte. Triste à mon avis! Pages reliées : Un projet assez bien accueilli, Radio-Canada, 23.08.2006 Une occasion de redonner la priorité aux piétons dans les rues de Montréal!, CRE-Montréal, Association des résidants de CDN-NDG et Action citoyenne Rosemont–Petite-Patrie, 22.08.2006 Sécurité routière : Place à la Charte du piéton, Radio-Canada, 09.06.2006 Le bonheur des citadins avant celui de l’auto?, Bruno Dubuc, 10.2005
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