Ce titre vous rappelle quelque chose? C’était le slogan d’une campagne de sensibilisation à l’itinérance conçue par Trigone Animation tenue de janvier à mars 2003. Vous vous souvenez peut-être de ces publicités dans le métro, au cinéma et à la télé, une campagne en dessin animé personnifiée par feu Sol, le poète itinérant. Si des années ont passé depuis, la solidarité, elle, n’a jamais été aussi nécessaire.
Dans l’espace public, la situation des personnes itinérantes se dégrade. L’une des méthodes de gestion de l’errance et de la marginalité privilégiée est l’utilisation abusive et injuste de la judiciarisation et de la répression. La judiciarisation se traduit par tout ce qui entraîne dans la sphère judiciaire, au plan pénal et criminel (par exemple, avec l’émission de contraventions pour des gestes anodins ou la présence dans la rue). La répression toujours plus grande fait voir sur le terrain une présence policière croissante qui rassure et sécurise, et qui intervient plus souvent aussi. Alors qu'il n’y a pas si longtemps, on ne voyait que des effets à court terme de la répression (déplacements des itinérant-es, relations d’aide brisées, sentiment croissant d’injustice et de peur, etc.), la situation s'est complexifiée.
Des personnes qui souhaitent sortir de la rue sont désormais pénalisées d’une dette financière et judiciaire qui maintient leur exclusion. Dans l’espace public où elles se tenaient, on les a perçues comme étant agressives alors qu'elles ne demeuraient qu'assises ou couchées au même endroit. Il est malheureux de constater à quel point l’intolérance et les préjugés sont encore omniprésents et de voir notre part de responsabilités dans la répression croissante qui s'exerce envers les itinérant-es.
C’est plutôt une reconnaissance publique de la problématique par nos élu-es qui est nécessaire. Celle-ci doit passer par un message témoignant de la réalité de ces personnes que nous rencontrons tous les jours sur notre chemin. De manière à se montrer solidaires face à l’itinérance, notre propre sensibilisation et surtout celle de nos décideurs eux-mêmes s’avèrent plus que nécessaires. À l’instar du message de la campagne de l’hiver 2003, si on essayait de comprendre avant de préjuger (pdf)?
Par Bernard St-Jacques, Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). Édition : Nicole Nepton
Page reliée : Plus de tolérance, s'il vous plaît, Bernard St-Jacques, 10.02.2006
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